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  Rapport UNESCO

mercredi 14 septembre 2005

Extrait fourni par l’UNESCO du rapport de synthèse sur l’évaluation des écosystèmes pour le Millénaire (1300 experts de 95 pays)

En mars 2005, la situation ne s’est pas améliorée. Le rapport de synthèse sur l’évaluation des écosystèmes pour le Millénaire (MA), conclusion d’une étude menée par 1 300 experts de 95 pays, révèle qu’environ 60 % des services fournis par les écosystèmes (fourniture d’eau douce, réserves halieutiques, régulation de l’air et de l’eau, régulation des climats régionaux, risques naturels et des parasites) et qui permettent la vie sur Terre sont dégradés ou surexploités. Les auteurs indiquent que les effets négatifs de cette dégradation risquent de s’aggraver de façon significative dans les cinquante années qui viennent. "Aucun des progrès réalisés pour éradiquer la pauvreté et la faim dans le monde, améliorer la santé des populations ou protéger l’environnement n’est susceptible de durer si la plupart des services fournis par les écosystèmes et dont l’humanité dépend continuent à se dégrader", affirme le rapport.

Quatre conclusions majeures puisées dans le rapport de synthèse sur l’évaluation des écosystèmes (étude menée par 1300 experts de 95 pays)

Les humains ont modifié les écosystèmes plus rapidement au cours des cinquante dernières années qu’à tout autre moment de leur histoire. Ils l’ont fait principalement pour répondre à des besoins croissants en nourriture, eau douce, bois, fibres et combustibles. Plus de terres ont été converties pour l’agriculture depuis 1945 qu’au cours des XVIIIe et XIXe siècles réunis. Plus de la moitié des engrais azotés synthétiques - mis au point en 1913 - utilisés pour l’agriculture l’ont été depuis 1985. Selon les experts, la conséquence est une perte substantielle et largement irréversible de la diversité de la vie sur la Terre, où 10 à 30 % des espèces de mammifères, d’oiseaux et d’amphibiens sont désormais menacées d’extinction.

Les changements des écosystèmes, qui ont entraîné des gains substantiels en termes de bien-être humain et de développement économique, ont été obtenus à un prix de plus en plus élevé en termes de dégradation des autres services. Seuls quatre services fournis par les écosystèmes ont vu une amélioration au cours des cinquante dernières années : des gains de production pour les récoltes, le bétail et les produits de l’aquaculture et une séquestration accrue du carbone en vue de la régulation du climat global. Deux services, la production de ressources halieutiques et la fourniture d’eau douce, sont aujourd’hui rendus à un niveau bien inférieur aux besoins actuels, sans parler des besoins futurs. Les experts prévoient que ces difficultés vont diminuer substantiellement les bénéfices que les générations futures peuvent attendre.

La dégradation des services fournis par les écosystèmes devrait s’aggraver de façon significative durant la première moitié du siècle, ce qui est un obstacle à la réalisation des OMD. Chacun des quatre scénarios pour le futur explorés par les scientifiques au cours de l’étude prévoit bien des progrès en vue d’éradiquer la faim dans le monde, mais ces progrès seront bien trop lents pour réduire de moitié d’ici à 2015 le nombre de personnes qui souffrent de la faim. Les experts rappellent également que des changements des écosystèmes comme la déforestation ont une influence sur l’abondance des pathogènes qui affectent les humains, tels que la malaria ou le choléra, ainsi que sur les risques d’émergence de nouvelles maladies. La malaria, par exemple, représente 11 % du fardeau sanitaire de l’Afrique. Si cette maladie avait pu être éradiquée il y a trente-cinq ans, le produit intérieur brut du continent africain serait aujourd’hui de 100 milliards de dollars plus élevé.

Le défi qui consisterait à renverser la tendance à une dégradation des écosystèmes tout en satisfaisant une demande croissante peut être relevé selon certains scénarios qui impliquent des changements significatifs des politiques et des institutions. Il s’agit cependant de changements importants et les tendances actuelles ne pointent pas dans ce sens.