Le Café Politique

Parce que le citoyen doit penser pour être libre !
  • Rubrique
  •   K82 Les scientifiques, les médias et la politique

    Lundi 7 octobre 20h45

    Au Village du Quai des savoirs / NOVELA

    Invités :

    David Salas y Melia, responsable de l’équipe de recherche ASTER (Assemblage du Système-Terre et Étude des Rétroactions climatiques) au centre National de Recherche Météorologique. Co-auteur du 4ème rapport d’évaluation du GIEC.

    Max Lafontan, directeur de recherche émérite INSERM, spécialiste de l’obésité.

    La volonté des scientifiques est de produire des connaissances, qui permettent de comprendre le monde, de faire des prévisions justes ou des applications utiles à partir de méthodes d’investigation rigoureuses, vérifiables et reproductibles. Si le scientifique, survalorisant son autonomie, se croit parfois dans sa tour d’ivoire, en réalité ce n’est pas le cas. Plongé dans le monde économique le scientifique doit composer avec ceux qui ont la capacité de financement : la puissance publique et les groupes industriels et financiers. Pour autant, le scientifique, une fois dans un domaine de recherche qui lui permet de vivre, est rarement aux ordres. Le plus souvent il a une grande liberté pour exprimer ses avis au sein de la communauté des chercheurs. Par contre les choses se compliquent à l’extérieur du champ académique car les articles scientifiques sont en général difficiles à lire et ne touchent qu’un tout petit public.

    Les connaissances scientifiques sont à la base de nombreux développements techniques qui jouent un rôle essentiel dans la société, et les consensus scientifiques sont essentiels pour éclairer les choix des responsables politiques. La classe politique a parfois un accès direct à l’expertise scientifique, mais le plus souvent, comme pour les citoyens ordinaires, l’information passe par les médias classiques avec une "vulgarisation" du travail des scientifiques grandement assujettie aux lois du marché. Pour les sujets controversés le rôle des médias est très important, mais la mise en scène du débat obéit alors plus au diktat de l’audimat qu’aux règles de la controverse scientifique.

    Le chercheur a généralement un avis très pertinent sur un sujet pointu et un avis relativement élaboré sur son domaine de recherche, mais les choix de société sont souvent d’une grande complexité et font intervenir plusieurs champs disciplinaires. Les scientifiques ne sont donc jamais porteurs d’une vérité qui s’imposerait sans débat à la démocratie. Le scientifique est un citoyen comme les autres et à ce titre il doit participer à la valorisation de son travail dans l’intérêt de la société, par sa fonction de producteur de connaissance il doit aussi avoir une place spécifique dans l’éclairage du débat public qui précède la prise de décisions.

    Le consensus théorique sur les places respectives des scientifiques, des médias et des politiques semble évident. Mais pourtant dans la pratique cela ne se passe pas très bien : Difficultés à trouver un statut aux lanceurs d’alertes, pressions sur des chercheurs privés ou institutionnels pour qu’ils ne participent pas aux controverses en cours, impression de "lynchage médiatique" bien peu scientifique pour des positions originales et à l’inverse comme dans le cas du climat où un consensus scientifique à 97% se traduit dans l’opinion publique par 75% de "sceptiques". On peut ajouter à cela l’impression très désagréable que trop de scientifiques en sciences humaines, notamment en économie, acceptent un peu facilement d’être l’expert ad hoc qui va habiller du manteau de la science objective l’opinion partisane d’un média ou d’un parti politique.

    Pour aborder ce sujet, que nous n’épuiserons pas en si peu de temps, nous avons choisi d’inviter deux acteurs de très haut niveau qui ont eu souvent l’occasion de s’exprimer dans les médias et dont les sujets de recherche sont des enjeux majeurs de société.

    Pour poursuivre la réflexion : un exemple récent d’une déclaration sur ce thème écrite par des scientifiques et adressée directement à l’opinion publique mondiale : http://www.academie-sciences.fr/act...

  • Articles publiés : 2 (triés par date)
  •   SCIENCE ET POLITIQUE

    vendredi 4 octobre 2013, par Stuart Walker

    Il me semble que l’esprit scientifique a toujours été marqué par un recours à la neutralité. Poussé à l’extrême cela a donné lieu à des énormités comme l’emploi de (...)
  •   La controverse : un art démocratique

    mardi 1er octobre 2013, par François Saint Pierre

    "Ce que demande la démocratie, c’est un débat public vigoureux, et non de l’information" chapitre 9 "L’art perdu de la controverse" dans l’ouvrage de (...)