Le Café Politique

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  • Rubrique
  •   F51 Entre volonté politique, contraintes économiques, pression sociale et réflexions éthiques, où va notre justice ?

    Lundi 8 décembre

    20h45 Salle de Réception du Stade de Balma

    Invités : Roselyne Gonlè-Lhuillier et Patrick Castex

    Magistrats, membres du Syndicat de la Magistrature.

    Le concept de justice est depuis l’antiquité au centre de toutes les réflexions de philosophie politique. Au-delà des débats théoriques la justice dans notre République est une institution majeure. Dans le langage courant la justice est considérée comme un ensemble de procédures qui permettent de punir ceux qui ne respectent pas la loi. Mais il faut distinguer la partie chargée d’évaluer la culpabilité de choisir la peine et de contrôler son application avec des magistrats, des greffiers, des avocats et bien d’autres auxiliaires de justice, de la partie gestion des prisons. La première est en théorie largement indépendante du pouvoir exécutif, la deuxième est placée directement sous sa responsabilité.

    La justice française a des défauts profonds, trop lente, débordée par le nombre d’affaires à traiter, au vingt troisième rang, en terme de moyens par habitant, du conseil de l’Europe elle est une des plus pauvres en Europe, trop chère pour le justiciable. Le citoyen lui reproche souvent son manque d’indépendance par rapport au pouvoir politique et d’être plus indulgente avec les riches qu’avec les pauvres. Depuis quelques années les dysfonctionnements semblent s’accentuer, l’affaire d’Outreau en est le prototype du côté du jugement, mais la surpopulation carcérale conduit à des alertes récurrentes sur le non respect de la dignité humaine dans les prisons. Paradoxalement, dans tous ces problèmes, notre justice ne semble plus à la hauteur des droits de l’homme, fondement de la loi démocratique quelle est censée défendre.

    Face à ces problèmes, sous la pression de la société qui veut de plus en plus de sécurité et sous le regard des médias qui pensent que les procès doivent se transformer en spectacles thérapeutiques pour les victimes, le gouvernement, par l’intermédiaire de sa ministre Rachida Dati, a accentué les pressions sur les juges et s’est lancé dans une politique de réformes. Alourdissement des peines, création de peines planchers, sanctions pour une dangerosité potentielle, allègement de la protection accordée aux mineurs, suppressions de nombreux tribunaux, mise en place d’une politique du "chiffre et du rendement", en sont les axes principaux. Le commissaire aux Droits de l’homme du conseil de l’Europe critique fermement l’évolution de notre politique pénale et dénonce par ailleurs les conditions inacceptables de détention. Les professionnels de la justice réclament des moyens supplémentaires, dénoncent une volonté de contrôle de la magistrature par le pouvoir politique, critiquent des réformes qui pour eux ne font qu’exacerber les difficultés et s’inquiètent même sur l’abandon des grands principes qui ont guidé pendant de longues années le fonctionnement de notre justice. Ces manifestations de magistrats ou de surveillants de prisons, les protestations des avocats ou des experts psychiatriques, traduisent-elles la défense d’intérêts corporatistes ou le souci de l’intérêt général qui concerne tous les citoyens ? Notre justice doit s’adapter et s’améliorer, cela ne fait aucun doute, mais les réformes proposées doivent s’appuyer sur une réflexion de fond et ne pas correspondre à la simple exploitation de l’émotion populaire.

    Nous vous invitons à venir débattre en compagnie d’un magistrat de ce sujet difficile, mais important pour nous tous qui sommes potentiellement des justiciables.

    - Si ce sujet vous inspire, vous pouvez envoyer une contribution qui sera placée sur le site.

    - La salle de réception du stade de Balma se trouve derrière les tribunes du stade au premier étage. Le stade est près de la sortie de la rocade N°16 (Balma / Soupetard) au premier Rond point en direction de Balma. Il y a un grand parking à l’entrée du stade.